Festival de ...grasses

06/05/2020

Consigne: le confinement. Laissez libre cours au ressenti, aux émotions. Révolte, haine, fatigue, rêverie, joie.. Donnez la forme, le genre que vous souhaitez: Récit, lettre, dialogue, poème... Temps estimé: 25 mins

Ma chérie,

Il est vraiment dommage que tu ais dû t'absenter juste avant que la fête ne commence. Tu verrais ce carnaval, c'est épatant.

Certains se déguisent en Dark Vador, d'autres en cosmonautes, en scaphandriers ou même en Zorro. Une vraie mascarade.

Comme tu le vois, depuis que j'y suis arrivé, l'imagination est aussi au pouvoir.

Je regrette simplement que la plupart de mes sujets... pardon, de nos concitoyens fassent preuve d'une banalité des plus affligeantes, en se contentant d'arborer des masques chirurgicaux des plus banals. Les sans-dents sont sans audace.

J'envisage d'ailleurs, de les faire retirer de la circulation -leurs masques, pas leurs dents !- pour les obliger à faire preuve d'un peu plus d'originalité, mais je crains que certains ne se fâchent et rouspètent. Ce qui gâcherait mon plaisir.

Fort heureusement, ils sont cloîtrés chez eux et n'en sortent que quelques minutes par jour, ce qui les empêche de se regrouper en braillant et d'affubler ces affreux gilets que tu détestais tant, l'automne dernier.

Je ne peux, malheureusement, pas profiter de ce spectacle inédit, mais, je compte sur Paris Match et BFM TV pour me transmettre les photos dès ton retour. Quelle rigolade en perspective.

Comme tu l'auras deviné, ma chère Bribri, la situation est idéale pour promulguer toutes ces réformes que nous espérions de nos vœux et je te le garantis: l'après sera bien plus marrant que l'avant. Pour nous, du moins.

Pour compléter ma panoplie, il m'est même venu l'idée de me laisser pousser une de ces petites moustaches carrées, juste sous le nez, comme celle qui a fait le succès d'un illustre prédécesseur.

J'espère, ma chérie, que cet attribut pileux te siéra et que je pourrais la compléter d'une jolie mèche brune qui ornerait mon front olympien.

À part ça, il fait beau et les oiseaux chantent. C'est très agréable cette campagne déserte et ces routes enfin débarrassées de leurs bruyants véhicules. À la plage de Briançon, aucun paparazzi, ni le moindre péquin pour brouiller mon bain.

Dans l'impatience de ton retour, reçois, ma tendre Bribri, les gros bisous baveux -mais désinfectés- de ton Manu adoré.

Sur le même thème, voir aussi: Quand les masques agacent.

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