Vive le président !

25/03/2020

Consigne: Un personnage se caractérise -aussi- par ses failles. La faille est un ressort dramatique important qui permet de mettre en place obstacles et conflits qui animent le personnage et le mettent en difficulté ou l'obligent à se dépasser pour surmonter les épreuves. Trouvez la faille !

  • - Ah oui, ce fut une belle allocution. Je n'ai pas tout compris, mais, je crois bien qu'il a raison
  • - Pardon ?
  • - Enfin... il n'a pas complétement tort, n'est-ce pas ?
  • - Je ne voudrais pas te décevoir, mon vieux, mais c'est un con. Franchement, comment peut-on affirmer des choses pareilles ?
  • - Voyons, Raymond, parce que c'est notre président. C'est un homme intelligent, il sait de quoi il cause, quand même
  • - T'es vraiment naïf, mon pauvre Jeannot. Tu n'entends que les mots mais tu ne piges rien de ses intentions. Quand il dit "mes amis", il parle de "ses" amis, pas de l'ensemble de la population. Tu ne vois donc pas qu'il nous prend pour des cons ?
  • - Si, si, bien sûr, mais...
  • - ...Mais, tu te laisses embobiner par ses belles paroles. Tu ne sens donc pas qu'il nous la met profond ?
  • - Heu... si tu as raison, mais, quand même. Il a dit que "demain ce sera vachement bien"
  • - Demain, oui. Mais, pour l'instant, on n'est qu'aujourd'hui et franchement, c'est pas terrible.
  • - Là, j'admets que tu n'as pas tort. En effet, il a peut-être un peu exagéré mais, il faut que tout le monde fasse un effort et après...
  • - Après, ce sera trop tard. Il aura légiféré et ce sera plié. Tu ne sens pas qu'on s'est fait avoir ?
  • - Évidemment, vu sous cet angle...
  • - Sous tous les angles. Et de tous les cotés. On se fait baiser. Enfin, réfléchis. "La conjoncture nous oblige à la rigueur", ça veut dire qu'il va encore nous taxer, nous piquer le peu qu'il nous reste. Tu ne sais pas décrypter le langage politique, toi !
  • - Si, si, mais, il essaie juste de...
  • - ...De nous embobiner. Ni plus, ni moins. C'est un menteur. Et un tricheur. Voilà ce que signifie son discours. On va encore devoir banquer pour ceux qui s'en mettent plein les fouilles. Mais, toi, évidemment, ça te passe au-dessus.
  • - Non, non, j'ai bien capté, je ne suis pas idiot. C'est un arnaqueur, il veut encore nous enfumer
  • - Voilà, c'est exactement ça. J'aime mieux quand tu fais preuve d'un peu de jugeote. C'est clair qu'il nous mène en bateau
  • - Oui, tu as raison, c'est vraiment un salaud
  • - Doublé d'un gougnafier. Il veut refiler le magot à ses potes et nous laisser crever dans la misère. C'est ça que tu veux ?
  • - Non !
  • - Alors, on va pas se laisser faire !
  • - Non, on va se battre. Il faut le destituer !
  • - Bien dit, l'ami. Rejoins-nous ce soir à la manif, on va le détrôner ce paltoquet
  • - Oui, oui, à mort le tyran, à bas le président !
  • - Permettez-moi de m'immiscer dans la conversation mais, je crains qu'il n'y ait malentendu
  • - Qu'est-ce qu'il nous veut, celui-là ?
  • - Je me présente, Amédée de Bochicot, secrétaire général du Parti Présidentiel
  • - Et ben voyons, encore un larbin du pouvoir.
  • - Je tiens à dissiper le malentendu. S'il a été élu, c'est bien parce qu'il était le meilleur, le plus apte à démêler la situation. Sans lui, nous n'en serions pas là.
  • - Ah oui ? Dis qu'est-ce que tu en penses Raymond ?
  • - Rien du tout. Je ne parle pas aux vendus. Et je ne tiens pas à entendre ce trublion. Je vous laisse, ça m'énerve ce genre de conversation. Ciao !
  • - Attends Raymond, c'est... Oh, il est parti
  • - Parce qu'il sait pertinemment qu'il a tort. Il ne se complaît que dans l'opposition. Protester, c'est tout ce qu'il sait faire, mais, qu'a-t-il de concret à proposer ? Rien ! Ah, ça, apporter des solutions, c'est une autre affaire.
  • - C'est vrai qu'il est souvent dans la contradiction, mais...
  • - ...Mais il ignore tout de la réalité politique de notre pays. Sans notre président -que Dieu le protège!- nous serions déjà un pays sous-développé
  • - Ah bon ?
  • - Forcément ! Qui a permis aux banques de se renflouer ? Qui a permis aux groupes industriels de devenir les empires financiers qu'ils sont aujourd'hui ?
  • - Heu, oui... qui ?
  • - Notre Président, voyons. Sans son action courageuse et désintéressée, nous serions encore en bas de l'échelle, un peuple arriéré sans place aucune sur l'échiquier mondial. C'est ce que vous souhaitez ?
  • - Non, bien sûr
  • - Alors, vous devriez plutôt le remercier. C'est Lui qui nous a hissé au rang des nations importantes, qui nous a permis de nous enrichir...
  • - Vous croyez ?
  • - Évidemment. Mais, vous préférez le parfum de la discorde aux douces voluptés de la concorde nationale et de l'union sacrée
  • - Pas du tout. Au contraire, je...
  • - Alors qu'avez vous à dire ?
  • - Heu... Vive le président ! Vive le président !
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