Écrire, c'est comme...

10/06/2021

Écrire, c'est comme tricoter un gilet...

D'abord, il faut les moutons.

Ce sont les informations, on les capture et on les tond.

Tous ces petits bouts de laine pas encore dégrossis, sont nos mots, nos idées, nos envies.

Il s'agit d'en faire de grosses pelotes, de trier teintes et nuances. Ici, les émotions remplacent les coloris.

Mais, elles sont plein d'impuretés, de fibres qui s'opposent, ou se contredisent. La récolte a été prolixe et il nous faut concilier tous ses fils... ou s'en débarrasser.

C'est une étape angoissante : pourquoi avoir tondu tant de moutons, si c'est pour en rejeter la moitié ?

La réponse apparait plus tard, quand on constate la qualité de la laine obtenue.

Ainsi, peut-on passer à l'ouvrage et sortir le métier à tisser.

Le maillage, au début est simple. Il suffit de lacer la chaine dans le cadre, c'est presque technique.

Puis entre deux trames, repasse l'écheveau et c'est là que ça se complique. Il faut que tienne, le haut du canevas, tandis que l'on tapisse le bas.

C'est un travail laborieux. Et délicat.

Arrive le moment -parce qu'il arrive forcément- ou une maille jure, ou un raccord se refuse et ou un fil se détend. C'est très embarrassant.

Il faut alors, à la manière d'un chirurgien, amputer l'erreur textile pour une reprise plus efficace. Ça passe ou ça casse.

Il n'est aucun jacquard qui fasse l'ouvrage a ta place. Il n'est que ton outil et c'est toi qui t'agaces : choisir le coloris, définir le motif. Évaluer la forme et la taille et la griffe.

Le tissage peut être long ou rapide, grossier ou habile, original ou convenu, mais, une fois achevé, il ne t'appartient plus.

Chacun alors s'en vêt comme il le souhaite.

Mais, avoue que c'est dommage d'avoir fait d'aussi gros pulls pour s'en aller à la plage !

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